L'insécure.
Une décennie.
La décennie qui m'a échappé de mon enfer, ou la décennie de mon enfer, 1o ans, que je me suis arrachée de son emprise, tête baissée, larmes rongées.
Il arrive un instant, ou j'aimerai comme dans ' The eternal sunshine ' pouvoir l'effacer, ne plus jamais me souvenir de ces années, mais elles sont trop longues, elles sont trop lourdes. J'ai encore le gout de mon sang âcre dans ma bouche, les mains tremblantes et les cheveux qui se détachent, je ressens encore son étreinte sur moi, et mon incapacité à hurler et à bouger, J'ai encore de vieilles photos qui trainent, et les bleus visibles de 13 années de coups, et ses mots entêtants : ' Tu es laide et grosse, personne ne voudra de toi, personne . '
1o ans, que ses mains ne m'ont plus cognés, 1o ans, que je l'ai aimé, détesté, fui, mais les cauchemars eux, ne m'ont pas fui, sa main contre ma bouche, étouffée dans un oreiller, la violence de son corps sur le mien, les mots non plus ne m'ont pas quittés, Je suis toujours la laide et la grosse dont personne ne veut. Il a fait de moi, une faiblarde au teint livide, de son mépris, j'ai étouffé les autres d'amour jusqu'à les perdre, Je suis l'insécure, et l'instable, qui efface, écrit, efface, qui a besoin d'actes et de mots trop souvent. Lui, il est l'alcoolique, le malade, il réclame le pardon, à genoux, il s'invente les excuses d'un passé trop fragile, ' quoique tu penses je m obstinerais toujours car même si les relations
entre nous sont rares et que le passe te dérange encore et encore je
suis ton père même biologique et toi tu es ma fille et ce tant que je
serais sur terre ' il dira qu'il a changé, comme toutes ces fois, ou après la torture il venait s'excuser, mais je n'ai plus 1o ans, Papa, Je n'ai plus 1o ans.